En lisant certains articles de presse (voir plus bas) je me suis trouvé chanceux de ne pas travailler en ces temps, car je suis un ex-policier. C'est en étant surpris de ce qui venait de passer dans ma tête que j'ai décidé d'écrire cet article parce que je suis, aussi, préoccupé par l'éthique.
Je me souviens que, lorsque je travaillais comme policier, j'étais aussi un citoyen ordinaire, un père ayant des enfants fréquentant l'université. J'ai pû aider mes enfants à ce qu'ils aient le moins de dettes possible. Comme citoyen ordinaire, je me dis, qu'actuellement, il y a sûrement des policiers qui vivent cela et qui, personnellement, sont en désaccord avec la loi 78 et qui, comme moi, peuvent même soupçonner que ce chaos puisse profiter au gouvernement en place à des fins électoralistes, etc.
Nous voyons, là, un bel exemple où des policiers se retrouvent en situation de conflits entre leurs valeurs personnelles et leurs valeurs professionnelles. Moi-même, je porte le carré rouge, non pas seulement pour appuyer les étudiants dans leurs revendications, mais aussi et surtout, parce que j'en ai assez de ce gouvernement qui me semble corrompu avec toutes ces allégations de corruption comme tente de le démontrer ce site internet : http://www.liberaux.net/. Alors, si moi je le vis, les conditions de possibilité, que des policiers les vivent, sont grandes. il y a sûrement des policiers qui vivent ce conflit de valeurs.
Si j'étais encore actif, j'aurais un autre malaise, celui de côtoyer certains policiers qui dépassent leur mandat professionnel en s'attaquant à des personnes ayant le droit de manifester tant que la protection des personnes et des biens est garantie. Il n'appartient pas aux policiers de juger du droit ou non du bien fondé d'une grève ou d'une manifestation.
Bien sûr, ce que j'avance ici est subjectif et n'a d'autres buts que de conduire à des questionnements, à des réflexions, à des délibérations. Je rappelle cette définition de l'éthique appliquée :
«En rapport à une situation donnant lieu à un malaise, le travail que je consens à faire avec d'autres dans le monde, par le dialogue, afin de discerner et décider les actions créant une ouverture au partage de sens pour toutes les personnes impliquées par ces actions ».
Parce que l'éthique appliquée, simplement appelé éthique dans le vocabulaire courant, ne peut se découvrir que dans le rapport à l'autre, c'est à dire dans une rencontre de plusieurs subjectivités. Voir à ce propos le message : SUBJECTIVITÉ : DIFFICULTÉS VS RICHESSES. http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=5175757317299446064#editor/target=post;postID=5617761745204486368
Sera donc éthique les actions décidées qui ouvrent à un partage de sens pour toutes les personnes touchées par ces actions : la population en général, les manifestants, les policiers, les marchands, les organisateurs d'événements populaires. Conséquemment, des actions, par les policiers, qui reconnaissent le droit de manifester sans injuriés les manifestants, sans les stigmatiser parce qu'ils portent un carré rouge. En fait, des actions, et cela me paraît l'essentiel, qui ne les inclus pas dans le domaine politique mais qui respectent les valeurs reconnues. Voici, d'ailleurs, les valeurs affichées sur le site du SPVM à l'adresse http://www.spvm.qc.ca/fr/profil/4_4_mission.asp :
ValeursDe plus, en s'appuyant sur notre mission et à l'éclairage de notre vision, la Direction et les employés du SPVM se reconnaissent autour de trois valeurs fondamentales :
Le respect
Le respect, c'est agir et se comporter envers les autres avec considération et dignité, en étant ouvert aux différences.
Le respect est présent dans les relations avec les citoyens, les partenaires et la communauté, dans les rapports avec les employés, les confrères et les supérieurs. Au quotidien, dans le travail, les employés ont autant d'égards et d'ouverture pour les autres que pour un membre de leur famille.
L'intégritéL'intégrité est la qualité d'une personne qui exerce sa profession avec droiture, honnêteté et équité.La confiance et le respect que les citoyens accordent au SPVM reposent sur l'intégrité de chacun des employés.
L'engagement
L'engagement est l'action de mettre sa personne au service de la mission de l'organisation et du rôle et des responsabilités liés à ses fonctions.Le personnel du SPVM agit dans l'accomplissement de son travail, en se sentant concerné par les problématiques de l'environnement et en contribuant à leur résolution.
Je décèle un autre conflit de valeurs pouvant générer un malaise pour les services de police et qui touche l'éthique organisationnelle avec ses valeurs et sa mission. N'oublions pas que nous sommes, au Québec, dans une tradition de séparation de l'espace juridique et de l'espace politique. Alors, lorsqu'une loi injuste est promulguée avec apparence de finalités politiques partisanes, les services de police sont devant un conflit de valeurs organisationnelles entre leur mission :
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a pour mission de protéger la vie et les biens des citoyens; de maintenir la paix et la sécurité publique; de prévenir et de combattre le crime et de faire respecter les lois et règlements en vigueur (articles 48 et 69 de la Loi sur la police, L.R.Q. c. P-13.1) (http://www.spvm.qc.ca/fr/profil/4_4_mission.asp)
Et l'apparence de devenir une police étatique comme nous en retrouvons dans certaines dictatures.
En ce sens je félicite la direction du SPVM de permettre les manifestations, bien qu'illégales en vertu du règlement municipal, tant qu'il n'y a pas d'actes criminels hors contrôle. Au contraire, je dénonce la direction de la police de la ville de Québec qui en arrêtant les manifestant, sans qu'il y ait eu d'actes criminels de commis (comme Amir Khadir), de s'immiscer dans le débat politique et d'abaisser la profession policière à un service de police acquiesçant à l'idéologie de l'état en place. La police est alors, dans l'opinion publique assimilée à une police servant aveuglément la volonté politique.
Connaissant le milieu policier pour y avoir oeuvré pendant près de 30 ans, j'avoue que cela me fait mal au coeur d'entendre, de la polulation, que la police est au service du pouvoir, qu'elle abuse de son pouvoir, etc. Tout au long de ces années j'ai côtoyé des hommes et des femmes se reconnaissant faire parti d'un service de police, au service de sa population en se servant des lois, des lois écrites dans le but de protéger les valeurs importantes d'une société. Mais lorsque les services de police sont aux prises avec des lois injustes, il est bon de se rappeler que dans sa mission d'appliquer les lois, ces services sont, on pourrait dire, entre l'arbre et l'écorce.
Liens internet articles de presses
http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201206/14/01-4535117-son-sac-a-dos-fouille-un-enfant-de-5-ans-trouble.php
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/352178/les-arrestations-preventives-sont-illegales-et-illegitimes
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/352183/conflit-etudiant-mechant-carre
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/352102/recit-d-un-petit-voyage-en-metro-avec-un-carre-rouge http://www.ledevoir.com/politique/quebec/352130/nous-on-sait
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/352168/la-classe-veut-une-enquete-independante-sur-le-travail-des-policiers