Il arrive des situations où il nous apparait que, peu
importe la décision, nous en ressortirons perdant. Je prendrai deux exemples et
nous tenterons de regarder comment l'éthique appliquée et l'éthique
organisationnelle, une de ses dérivées, pourront nous aider à discerner la voie
à suivre.
Bien sûr, nous ne pourrons arriver à donner des solutions,
car celles-ci seront différentes et elles appartiennent à chaque personne en
position de décider.
Pour débuter, je reprendrai les deux définitions qui nous serviront
d'assises dans notre réflexion:
Éthique appliquée: face à une problématique, le travail que
je consens à faire avec d'autres, par le dialogue, afin de discerner et décider
les actions conduisant à un partage de sens pour toutes les personnes
impliquées par ces actions.
Éthique
organisationnelle: comme la visée, par la délibération, que se donnent tous les
membres d'une organisation, afin de définir les valeurs rassembleuses donnant
sens pour toutes les personnes impliquées et reflétant la mission et visions de
l'entreprise.
Nous pouvons constater la parenté de ces deux définitions en
ce qu'elles conduisent, toutes les deux, vers un partage de sens pour toutes
les personnes impliquées.
Si nous nous approchons du vocabulaire des organisations, chaque
personne en lien avec une organisation (travailleurs, gestionnaires,
actionnaires, clients), sera considérée comme une partie prenante (stakeholder).
L'implication de cela: chaque personne, dans les situations qui la concernent,
sera consultée. Cette implication lorsqu'elle est réalisée favorisera un climat
de sécurité chez les personnes qui soutiendra, du même coup, leur autonomie,
leur créativité, leur énergie, leur motivation, leur responsabilité, leur vie, leur
appartenance permettant de demeurer sur la voie du sens autour des valeurs explicites
de l'organisation.
Premier exemple:
Lorsqu'un «manager» doit décider, pour rentrer dans son
budget, s'il licencie l'employé A, le meilleur de son équipe et qui affiche un
très gros salaire, ou s'il se passe des services des employés B, C & D, qui
ensemble représentent un salaire global équivalent à celui de A.[1]
Lorsque le discours de l'éthique organisationnelle est
appliqué dans l'organisation, le «manager» en question n'a plus à supporter
seul ce problème. Comme chaque personne affectée par une décision est une
partie prenante de l'ensemble, elle sera consultée. Pourquoi, alors, ne pas
rencontrer toutes les personnes concernées par le dilemme pour en parler? Il y
aura, à ce moment, trois pistes de solution. Les deux premières: congédier A ou
congédier B. C & D. La troisième viendra peut-être de la rencontre de
toutes ces personnes avec une solution originale.
Une chose est certaine, vous sortirez gagnant de ce dilemme
en ce sens que toutes les personnes visées se sentiront respectées, même
celle(s) qui perdra(ont), car la décision fera sens pour tous. De plus, un gain
sera fait sur le sentiment d'appartenance, le dilemme ayant été traité en
relation avec des personnes et non avec des objets.
Deuxième exemple:
Bien que cela ne touche pas des décisions courantes, je
trouve intéressant de l'aborder, car elle met en lumière les répercussions de
notre définition de l'éthique appliquée. Pour vous aider à y réfléchir, je vais
vous poser trois questions.
Une personne vient d'être arrêtée après qu'elle a caché une
bombe de très grande puissance qui pourrait tuer des milliers de personnes. Avons-nous
le droit moral de la torturer?
Si l'on pouvait questionner les personnes qui vont mourir si
la bombe éclate, pensez-vous qu'elles trouveraient du sens à ce que la personne
arrêtée soit torturée?
Pensez-vous que la personne qui a posé la bombe trouve du
sens à ce qu'elle ne soit pas torturée?
[1]
J'ai pris cet exemple sur le site des blogues d'Olivier Schmouker:
"Comment résoudre un dilemme?" C'est à la suite de cet article que
j'ai décidé d'écrire ce pamphlet.