Dans la
figure 1 : Cadre conceptuel de l'éthique et de l'éthique appliquée, nous avons
voulu représenter le champ principal d'action de l'éthique appliquée dans les
organisations, c'est-à-dire dans des groupes d'au moins deux personnes vivant
un sentiment d'appartenance[1] entre
elles. Pour aider à nous faire comprendre, nous nous servirons d'une utopie en
définissant deux types d'organisation que nous pouvons rencontrer dans nos
sociétés :
"Organisation" : Milieu
de vie constitué d'un groupe de deux personnes et plus, pouvant vivre un
sentiment d'appartenance, ayant des valeurs[2]
partagées procurant au groupe sa raison d'être. C'est une définition large incluant
un couple, une famille, une compagnie, une équipe de hockey, une gang de rue,
une association syndicale, un groupe criminalisé, etc.
"Organisation
éthique" : Milieu de vie constitué d'un groupe
de deux personnes et plus, vivant un sentiment d'appartenance appuyé sur des
valeurs éthiques[3]
partagées et ayant le désir de cultiver la solidarité, la dignité et la liberté
de toutes les personnes en lien à sa mission, incluant celles y œuvrant.
Ce qui
différencie une organisation d'une organisation éthique c'est le désir de faire
advenir le tissu humain de toutes les personnes touchées par l'organisation en
lien à sa mission.
C'est au cœur des organisations, dans le vivre-ensemble, que
se vivront les malaises demandant ce travail de l'éthique appliquée car le
désir de la vie bonne et la recherche du Bien ne peuvent se faire que dans la
rencontre d'un "Je" et d'un "Tu" vivant un sentiment
d'appartenance les motivant dans une quête du Sens.
Bien sûr, comme nous l'avons mentionné au début, ces deux
types d'organisation sont utopiques. La réalité se trouve dans l'entre deux,
entre ce que nous avons défini comme organisation et organisation éthique.
Figure 3 : D'une organisation vers une organisation
éthique
Le vivre-ensemble réel de chaque organisation se trouve
quelque part sur la ligne. Bien que nous ne croyons pas à l'imperfection
radicale dans ce que nous avons représenté dans les organisations, pas plus
qu'à l'idéalisation d'une organisation éthique, nous sommes persuadés que, plus
une organisation a en son sein des personnes conscientes de leur devenir-sujet,
plus le vivre-ensemble sera teinté du partage de sens pour toutes les personnes
impliquées.
De
même, plus le vivre-ensemble sera ouvert au partage de sens pour toutes les
personnes touchées par l'organisation, plus il y aura de personnes conscientes
de leur devenir-sujet.
[1] Sentiment provenant du besoin
d'appartenir à un groupe, il résulte du fait de s'y sentir à sa place, d'être
traité comme une personne (sujet) et non comme un objet. Il procure une motivation profonde à un
engagement mutuel vis-à-vis du groupe et de toutes les personnes qui le
composent et il en résulte un sentiment de fierté conduisant à une responsabilisation
de tous les membres vis-à-vis du groupe.
[2] Valeur : Je reprends ici la première
partie de la définition de Georges Legault : "Élément de la motivation
effective permettant de passer de la décision à l'acte. Elle constitue la fin visée par l'action envisagée
dans la décision et se traduit verbalement comme raison d'agir et comme sens de
l'action". Se place dans cette définition les raisons du profit pour le
profit, les raisons d'être des gangs de rue, des groupes criminalisés, des
actions terroristes, etc. C'est la
valeur pour la valeur sans sa dimension éthique.
[3] Valeur éthique : Nous y discernons
deux dimensions : Dimension ontologique : La valeur peut-être perçue comme le
potentiel ontologique qui appelle à advenir au travers du désir inconscient en
chaque personne, l'amenant ainsi vers son accomplissement. (Devenir-Sujet). Dimension
pragmatique : Dans une situation donnée, elle devient un "Élément de la
motivation effective permettant de passer de la décision à l'acte. Elle constitue la fin visée par l'action
envisagée dans la décision et se traduit verbalement comme raison d'agir et
comme sens de l'action en créant une ouverture au partage de sens pour toutes
les personnes impliquées par la décision" (Legault). Il est intéressant
ici de remarquer que, si on enlève la dernière partie de la définition de
Georges Legault "en créant une ouverture au partage de sens pour toutes
les personnes impliquées par la décision", la partie restante accorde une
valeur au fait que des terroristes aient donné leurs vies en projetant leurs
avions sur le World Trade Center. Nous
ne pouvons avoir de doute sur leur forte motivation. Cependant en ajoutant
" en créant une ouverture au partage de sens pour toutes les personnes
impliquées par la décision", nous retrouvons la dimension éthique en
s'attardant à toutes les personnes impliquées par la décision, cela inclurait
alors toutes les victimes touchées par cet attentat.
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